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Le Diable amoureux – adaptation par Francis Dombret

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Pourquoi adapter « Le Diable amoureux » au théâtre ?

Diable
illustration Miene Mathon

Le roman de Jacques Cazotte contient les ingrédients nécessaires pour le concevoir en pièce de théâtre.

De l’action et de la fantaisie ficelées sous l’aspect d’un marivaudage.

Et la question toujours d’actualité : peut-on démasquer le diable?

L’idée générale est d’écrire sous forme dramaturgique une traversée littéraire, en gardant la structure de cet ouvrage précurseur du fantastique, et de la faire évoluer jusqu’à nos jours. Une transformation de style en quelque sorte.

Les trois personnages principaux, a priori extravagants apparaissent on ne peut plus humains.

Ainsi le diable – Biondetta qui prend les traits de la plus divine des créatures est capable de tous les sacrifices au nom de l’amour.

L’élu – Alvare, lui tente de concilier un désir de plus en plus brûlant avec une affection maternelle aliénante. Pour ne pas perdre l’amour de sa mère mieux vaut en effet ne pas badiner avec le diable. Alors quel sera son choix?

Enfin – Soberano, figure paternelle ambiguë tentera par ses ruses de dévoiler ou de voiler l’insupportable réalité.

L’écriture modernisée de la pièce, tente de répondre à cette question du désir qui semble ne pouvoir obtenir de réponse satisfaisante que par le manque.


 LE DIABLE :

 

DE L’IMAGINAIRE À LA RÉALITÉ HISTORIQUE

 

À quoi reconnaît-on le diable aujourd’hui ?

À la vue du nombre de productions diversifiées qui traitent du fantastique, tout laisse à penser que nous tentons toujours d’exorciser une peur irrationnelle héritée d’un passé diabolique vieux de plusieurs siècles. Certes les choses ont évolué depuis les Lumières et nous considérons « les bons cotés de l’insertion du démon dans les plaisirs de la vie » avec humour, ce qui est une façon appropriée de détourner l’angoisse…

Curieusement depuis que le diable a rangé son attirail dans les accessoires de théâtre, il se manifeste sous une forme intériorisée, englobée sous le terme générique « force du mal ».

Le diable est le diviseur, il incarne l’esprit de rupture face aux forces qui cherchent à réaliser l’unité, l’harmonie.

Ce qui nous divise intérieurement, se manifeste au moment même de faire un choix.

 

Nous traiterons le diable comme le surgissement du désir

 

Prenons comme exemple un choix littéraire récurrent : libérer son désir ou se libérer du désir ? Il apparait vite impossible puisque l’un ne peut se développer sans l’autre. C’est autour d’une prise de décision incomplète, qui oscille entre frustration et culpabilité, que se bâtit l’axe du récit et dont Jacques Lacan se servira comme exemple édifiant pour parler de la structure même du désir.

L’autre intérêt d’une adaptation théâtrale est de pouvoir suivre le chemin du désir à travers les époques ; force de constater que l’énergie qui le fait évoluer provient d’une insatisfaction exponentielle.

Comme il est question de représentation et que depuis Le Moyen-âge le diable a perdu ses pieds fourchus, puis à la Renaissance ses cornes, il sera intéressant de savoir comment il se camoufle aujourd’hui ?

Pour accéder à ce monde à la fois disparu et pourtant présent, il a fallu créer un véhicule adéquate : le fantastique.

« Le fantastique est né du décalage entre la croyance démonique héritée du passé tragique et la réalité hédoniste ou athée de l’époque des Lumières » R. Muchembled; Une histoire du diable; éditions du Points 2002

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