Notes d’intention
Monter Donatien Alphonse François de SADE, c’est se confronter à une remarquable écriture, à de grandes énigmes sur sa personne, et en même temps à une pensée hors du commun. Très connu pour ses écrits érotiques mais c’est ignorer tous les autres, philosophiques et moralistes, tant dans ses romans que dans son théâtre. Il dérangea trop son époque par ses idées, et c’est ce qui le conduisit la majeure partie de sa vie en prison avec l’étiquette peu flatteuse, de méchant homme, de pornographe. L’entreprise de cette adaptation est de souligner et de rappeler la clairvoyance et l’intelligence de ce magnifique auteur du siècle des Lumières. C’est aussi à travers celle-ci, l’occasion de lutter contre le fanatisme et l’intégrisme religieux qui est malheureusement encore trop présent de nos jours au vu des évènements du 7 janvier 2015.
Étienne RATTIER
Pièce disponible à la représentation – contact et fiche technique mathon.miene@gmail.com
Notes de mise en scène
Le décor sera d’une extrême nudité, juste une malle, un fauteuil, des papiers et quelques linges seront présents sur la scène comme pour rappeler les longues et terribles années d’enfermement du Marquis de Sade
La lumière sera traitée dans le même esprit que le décor. Un éclairage très intimiste procuré par la lueur des bougies. Tout au long du spectacle, le nombre de bougies ne cessera de diminuer comme pour symboliser ce siècle des Lumières et de la lutte du Marquis de Sade contre l’obscurantisme et les religions, tout un courant de pensée cher au XVIIIe siècle.
L’interprétation s’attachera par une diction extrêmement précise à rendre toute la richesse et la beauté de son écriture.
Les comédiens chercheront, par un duel d’idées à se convertir l’un l’autre. Les spectateurs vont jouir, comme le Marquis de Sade cherchait à le faire avec ses lecteurs, de l’intelligence, de la clairvoyance et de la lucidité de sa conception du monde. La conclusion ultime de cette bataille sera la renaissance du corps du Prêtre dans les mains des femmes.
« Le moribond sonna, les femmes entrèrent et le prédicant devint dans leur bras un homme corrompu par la nature, pour n’avoir pas su expliquer ce que c’était que la nature corrompue » Note du texte du Marquis de SADE au « Dialogue entre un Prêtre et un Moribond ».
Étienne RATTIER
L’auteur
Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814), persécuté de son vivant, considéré comme l’image même du Mal à l’époque romantique, Sade fut très peu connu jusqu’au XXe siècle. Beaucoup de ses textes étaient demeurés inédits et les tabous d’une ère bourgeoise et pudibonde interdisaient de voir la véritable dimension de l’œuvre. C’est au surréalisme qu’il revient de l’avoir découverte. Apollinaire, Breton ont été fascinés par la prodigieuse libération de l’imaginaire qui s’opérait dans cet éclatement de l’écriture. Depuis lors, Sade est devenu pour beaucoup d’écrivains du XXe siècle un véritable phare, tandis qu’une certaine popularité aboutit trop souvent, dans le grand public, à répandre une image fausse et assez puérile du «divin marquis» méchant homme. Par son père, Sade appartient à une vieille noblesse provençale. Par sa mère, Marie-Éléonor de Maillé de Carman, il s’apparente à la branche cadette de la maison de Bourbon. Né à Paris, à l’hôtel de Condé où sa mère était dame de compagnie de la princesse, l’enfant y vécut d’abord, puis à Avignon, dans sa famille paternelle. L’abbé de Sade, qui se chargea de l’éducation du jeune marquis, l’emmena avec lui dans ses châteaux de Saint-Léger d’Ébreuil et de Saumane. À dix ans, il revient à Paris, pour entrer au collège d’Harcourt, sous la férule des jésuites. On y favorisait les dons des enfants pour le théâtre, et Sade put s’exercer très tôt à jouer sur scène. À quatorze ans, il quitte Louis-le-Grand pour entrer à l’école des chevau-légers. En 1755, il est nommé sous-lieutenant d’infanterie au régiment du roi, puis capitaine de cavalerie. Il participe à la guerre de Sept Ans. Sade connut une violente passion pour Laure-Victoire de Lauris, châtelaine de Vacqueyras, sa presque voisine de Lacoste, son domaine seigneurial de haute Provence. Il n’épousa qu’à regret Mlle de Montreuil, de famille parlementaire, et riche. Sa belle-mère, la présidente, fut une redoutable ennemie qui contribua fortement aux incarcérations perpétuelles de son gendre. C’est quatre mois après le mariage que Sade inaugure ce qui sera une constante de son existence : la prison. Il est, en effet, enfermé à Vincennes (1763). Deux «affaires» vont peser lourd dans sa vie, deux épisodes de son libertinage qui seront mis en épingle par ses adversaires pour justifier son emprisonnement presque continu : celle de Jeanne Testard (1763) et celle d’Arcueil (1768). Après Vincennes, Sade connut ensuite les prisons de Saumur, de Pierre-Encise, près de Lyon, et de la Conciergerie. De retour à son château de Lacoste, il s’enfuit en Italie en 1772. À la suite d’un nouveau scandale qui a éclaté à Marseille, il est arrêté par ordre du roi de Sardaigne et conduit au fort de Miolans, dont il s’évade en mai 1773. Sade revint vivre quelque temps à Lacoste, jusqu’au moment où sa belle-mère obtint contre lui une lettre de cachet qui le fit emprisonner en février 1777 au donjon de Vincennes, où il resta presque sans interruption jusqu’en 1784. De là, il fut transféré à la Bastille (il y écrivit Les Cent Vingt Journées de Sodome, Aline et Valcour, Les Infortunes de la vertu, première version des Justine), puis à Charenton pour avoir tenté d’ameuter la foule en criant qu’on allait égorger les prisonniers de la Bastille. La Révolution libéra le Marquis de SADE et il participa aux travaux de la section des Piques pour s’occuper de réformer les hôpitaux. Jugé trop modéré, il fut de nouveau emprisonné en décembre 1793. La réaction thermidorienne lui octroya une brève période de liberté (octobre 1794 mars 1801). Le Consulat l’incarcéra comme auteur libertin. Il alla de Sainte-Pélagie à Bicêtre, puis à Charenton où il resta jusqu’à sa mort, y organisant d’étranges représentations théâtrales. Il demandait encore que la liberté lui fût rendue, lorsqu’il mourut le 2 décembre 1814.
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